Une réflexion sur “Revenants de Patrice Lelorain

  1. Je trouve que ce roman qui s’éternise est finalement décevant à cause du nombre incalculables de personnages qui circulent au fil des pages et se ressemblent tous, plus ou moins. Aucun n’est vraiment attachant, pas même le narrateur qui est un être fort nombrilique et vain.

    Le fait d’appeler ces personnages réels par des initiales ou seulement des prénoms est très gênant : on perd sans cesse le fil, surtout que la caractérisation de chacun est souvent des plus sommaires. Il serait utile d’avoir une photo de groupe ou un trombinoscope, on s’y retrouverait mieux. On est donc devant une pléthore d’énergumènes des années 80 dont le fond de commerce est la drogue, le sexe, les sorties nocturnes. Big deal !

    Fait de futiles préoccupations, ce roman ne démarre jamais. Pas d’intrigue visible à l’œil nu. Pas de points d’ancrage. Tout flotte, tout glisse, tout se perd. La langue, par contre est très belle et très souple, comme si elle appartenait à une autre époque. Ce n’est certes pas le vocabulaire qui étonne, ou les métaphores, mais le balancement et le rythme des phrases. Cet auteur a un don d’ensorceleur là, qui vous empêche d’interrompre la lecture de façon définitive, bien que la tentation soit grande.

    Transposons à notre époque: il serait épuisant d’écouter des histoires d’adolescents qui se raconteraient en cascades, énonçant les faits et gestes de leurs amis Facebook en boucle. Il ne suffit pas d’avoir une existence biologique ou virtuelle pour être un personnage de bon roman. Il faut que l’auteur utilise l’écriture pour faire jaillir une nécessité. Qu’il ait ses personnages dans la peau, et les fasse prendre vie de façon radicale et inventive. Ici on reste dans l’effleurement et la superficialité. Image des années 80 ? Manque de substance et de vrai tissu humain de toute façon.

    Même si à la manière d’adolescents rêvant d’une image forte, ces personnages semblent vouloir nous accaparer, avec cette prétention de nous charmer aux petites heures jusqu’à la lisière du sommeil, on s’endort. Le joli ronron de la langue ne chante que le vide. Comme dans Monsieur Plume … « et il s’endormit » .

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