Yeruldelgger de Ian Manook

Yeruldelgger de Ian Manook – Source Le Livre de Poche

Trois Chinois morts dans une usine. Horriblement mutilés, les sexes tranchés. Une main d’enfant retrouvée avec son vélo dans la steppe.

Est-ce que ces morts sont liées. La deuxième date d’il y a cinq ans. Yeruldelgger et son équipe devront enquêter malgré les bâtons mis dans les roues.

Yeruldelgger est chargé d’une mission. Donner une sépulture décente à cette petite fille afin que son âme soit tranquille. Mais pour cela, il faudra également savoir ce que sont devenus ses parents.

Je conseille bien évidemment de lire ce premier roman avant de se lancer dans le dernier roman paru, Les Terres Sauvages. J’ai fait tout le contraire mais j’avais une chronique à rendre et je n’aurais pas eu le temps matériel pour tout lire. Le laps de temps a été court entre les deux, donc je me souvenais très bien de ce qui se passait dans Les Terres Sauvages qui est la continuité de celui-ci. En effet, la fin laisse apparaître ce qui va encore tourmenter Yeruldelgger.

J’ai trouvé ce roman beaucoup moins dur que le second, pourtant il y a tout de même pas mal de scènes assez violentes que je ne dévoilerai pas. Laissons planer le suspense, surtout avec de tels policiers. Ames sensibles s’abstenir !

Je m’étais attachée aux personnages. Cela va sans dire qu’avec ce roman, c’est un plus grand attachement. J’ai même redécouvert en m’y attardant la personnalité de la fille de Yeruldelgger, Colette et celle également de Gantulga. La palette des caractères est différente mais ils ont tous une vie qu’ils doivent mener de front, sans éprouver de sentiments. Sauf que le sentiment est humain. Yeruldelgger nous le démontre très bien. Après avoir perdu sa fille de 5 ans, il est devenu un homme très dur qui ne montre pas ses sentiments. Il frappe, il cogne, il hurle et même ses proches subissent ça. Pourtant, il est prêt à tout pour eux. Un homme plus que blessé par la vie, par ce qu’il a subi et il ne veut pas que cela recommence, surtout lorsqu’il doit s’occuper de la mort de cette petite fille, sauver sa grande fille. Yeruldelgger est le flic typique qui en veut à sa hiérarchie à cause de l’incompétence de celle-ci, des pots de vin… Tous veulent le voir détruit mais même à terre, il a le ressort pour continuer à avancer, malgré les coups, malgré la douleur. Yeruldelgger est un homme qui se venge et franchement je peux le comprendre car il a les moyens pour, la force physique et mentale, surtout après son court séjour au monastère où il a repris de bonnes habitudes. Ce séjour lui sera également bénéfique pour annoncer son amour à celle qui l’accompagne. Yeruldelgger prend enfin sur lui et partage avec ceux qu’il aime. Même s’il est dur, il reste abasourdi par les paysages qu’il côtoie. Il retrouve un tant soit peu son enfance même également dans certaines rencontres. Il est investi d’une mission. Faire souffrir ceux qui ont fait souffrir plus faibles qu’eux. Yeruldelgger est un homme très cultivé.

J’ai retrouvé dans ce roman les paysages grandioses, cette nourriture qui donne envie, un peu moins ces constructions qui ne donnent pas envie de vivre dans ces villes. Le roman mêle les explications historiques au thriller. Cela donne toute une force à cette histoire. Il est riche en explications concernant les installations soviétiques. Les égouts permettent aux gens de se chauffer. La criminalité est en hausse mais la police a pour ordre de fermer les yeux. Une part belle est donnée également aux animaux, aux ancêtres qu’il faut honorer, aux traditions qui doivent rester car, en définitive, sans elles, plus rien n’existe, le passé n’a plus court et on ne peut que se souvenir des atrocités de la Mongolie et non de ce qu’elle peut recéler de beau. Les vieillards ont gardé la sagesse en eux, ils savent beaucoup de choses, également sur les pensées des autres. La Mongolie évolue également, puisque les nomades ont également accès aux séries TV. C’est également un roman qui mêle la politique avec la Chine, installée en Mongolie. Elle ne veut que personne n’interfère dans ce qu’elle peut faire dans ce pays. Elle profite des richesses pour en faire profiter ses cadres et son propre pays.

Je ne sais pas si le pays est aussi corrompu que le démontre l’auteur. Mais la misère ne doit pas être imaginée. La Mongolie mêle le beau avec ses paysages non atteints pas la main de l’homme, mais le noir avec ses villes où tentent de survivre ceux qui ont tout quitté pour trouver un monde meilleur. Cela peut rappeler d’autres pays.

Il y a également ces chevauchées fantastiques avec des quads, des chevaux et ces personnages qui méritent de mourir, de souffrir. Une corruption au sein de la police dont Yeruldelgger et Oyun feront les frais. Mais qui est derrière tout ça ? Qui fait avancer les ficelles. Un sacré personnage, je dois bien l’avouer. Malgré ce qu’il a vécu, le lecteur n’a aucune pitié pour lui.

L’auteur mêle la tendresse, le rire mais aussi les larmes dans un même paragraphe. On sourit, on rit avec le personnage mais on pleure également à cause de cette violence. Je l’ai remarqué lors des échanges entre Oyun et Gantulga, un garçon plein de ressources, qui sait ce qu’il fait et qui n’hésite pas à aider, à donner des ordres. A force, on se rend compte d’ailleurs qu’il y a plus que de l’amitié entre tous les deux.

Yeruldelgger de Ian Manook

GF :

date de sortie : 2 octobre 2013

Editeur :ALBIN MICHEL

ISBN : B00OPN3XQG

POCHE :

ISBN : 2253163880
Éditeur : Le Livre de Poche

Date de sortie : janvier 2015

Nb de pages : 544